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Université. « Votre tentative de division a échoué, Mme Pécresse ! » - entertien avec Jean-Louis Fournel, porte-parole de SLU, "L’Humanité" du 6 mars 2009

mardi 10 mars 2009

Porte-parole du collectif Sauvons l’université, Jean-Louis Fournel explique pourquoi le mouvement dans les facs n’est pas prêt de s’arrêter. Entretien.

La mobilisation reprend son souffle. Hier, dans les rues de plusieurs villes de France, étudiants, enseignants- chercheurs et profs du primaire et du secondaire ont battu le pavé pour rappeler au gouvernement que la négociation commencera avec la prise en compte des revendications de l’ensemble de la communauté universitaire. Ce que rappelle aussi à sa façon Jean-Louis Fournel, porte-parole de Sauvons l’université.

La semaine dernière, François Fillon lâchait un peu de lest sur les suppressions de postes. Valérie Pécresse, elle, réécrit, avec quatre syndicats, le décret sur les enseignants-chercheurs. Comment jugez-vous ces premiers reculs ?

Jean-Louis Fournel. Les annonces de Fillon auraient pu être une voie possible d’apaisement. À y regarder de plus près, elles ne le sont pas. Le gel des suppressions d’emplois pour 2010 et 2011 relève d’une promesse sans la moindre garantie. Surtout, le plus grand nombre d’emplois est supprimé cette année, en 2009. Pour le reste, les annonces restent très vagues. Quant aux réunions entre Pécresse et les syndicats, c’est beaucoup plus grave. C’est une tentative de division, qui a lamentablement échoué puisque ces syndicats ne représentent pas grand-chose. À part peut-être Autonome Sup, qui a d’ailleurs marqué son insatisfaction.

Quelles sont les insatisfactions ?

Jean-Louis Fournel. Cette négociation est un échec car la logique du texte de départ n’a pas été modifiée. On maintient la modulation de service qui doit être acceptée par la personne. Ce qui pourrait être un progrès est en réalité un piège, à l’instar du travail du dimanche. Certes, les caissières sont libres d’accepter ou non de travailler le dimanche et de faire des heures supplémentaires. Mais ont-elles réellement le choix ? À l’université, que se passera-t-il lorsqu’on proposera à un enseignant- chercheur de faire 30 heures de plus ? Dans un contexte de tension budgétaire, pensez-vous qu’il sera en position de refuser ? La modulation des services a un sens si elle contribue à une sorte de flexibilité du parcours de carrière qui permettrait de dédier une année à la recherche. Nous refusons que la modulation serve de variable d’adaptation budgétaire et induise des distinctions entre ceux qui enseignent et ceux qui cherchent.

Le gouvernement a annoncé le recrutement de professeurs agrégés à l’université pour soutenir le plan Licence. Qu’en pensez-vous ?

Jean-Louis Fournel. J’ai le plus grand respect pour mes collègues, mais cette mesure a pour but de les utiliser pour boucher les trous budgétaires. Cela provoquerait une fracture : les enseignants-chercheurs s’occuperaient du second cycle et des bataillons de profs agrégés exploités en premier cycle ne feraient que de l’enseignement. Nous craignons une concentration des moyens dans une douzaine de lieux en France. Or, le savoir doit être diffusé sur le territoire de manière égale. On ne peut pas avoir des déserts de l’enseignement supérieur et une concentration de moyens dans quelques pôles. La cinquième semaine de grève est entamée…

Comment voyez-vous la suite du mouvement ?

Jean-Louis Fournel. Le choix du ministère de négocier sur une seule des questions portées par le mouvement suscite l’irritation de beaucoup. Nous refusons de scléroser nos revendications : la réforme de la formation des enseignants des premier et second degrés, sur laquelle Darcos bloque, le contrat doctoral unique qui ne respecte pas le droit social, le démantèlement des organismes de recherche et les menaces qui pèsent sur nos collègues Biatoss doivent être abordés. Les manifestations d’hier et celles prévues mercredi 11 mars, avec le primaire et le secondaire, seront une réponse à la méthode du pourrissement utilisée par ce gouvernement.

Entretien réalisé par Ixchel Delaporte


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-03-06_S...