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"Créteil, l’académie de tous les dangers", C’est classe, blog de V. Soulé, 09 février 2010

mardi 9 février 2010

Des collèges en grève à Drancy, Aulnay-sous-Bois ou Pantin, des lycées à Aubervilliers, la Courneuve ou Vitry-sur-Seine, et même quelques écoles primaires... L’académie de Créteil, et particulièrement la Seine-Saint-Denis, connaissent ces jours-ci de sérieux remous. Ce n’est pas l’ébullition, la mobilisation restant minoritaire. Mais elle s’étend vite et personne, pas même le ministre, ne peut exclure une contagion.

Deux manifestations ont ainsi eu lieu ce mardi, ce qui n’est pas courant. Les enseignants, des élèves et des parents du lycée Adolphe Cherioux, dans le Val-de-Marne (l’un des trois départements de l’Académie de Créteil) se sont rendus devant le ministère de l’Education, rue de Grenelle (voir la photo). Ils réclament le doublement du nombre de surveillants à la suite d’un nième fait de violence, contre un élève, survenu le 2 février dans les locaux. Mais Luc Chatel leur a répété qu’il fallait reprendre les cours.

A 14 heures à Saint Denis, des enseignants venus d’établissements de tout le département ont commencé à défiler, à l’appel notamment de la CGT Educ’Action, surtout représentée dans les lycées professionnels. Le SNES Creteil, premier syndicat du secondaire, qui soutient aussi le mouvement, appelle lui à une grève ce jeudi.

D’après ses décomptes, une trentaine d’établissements sont en grève ce mardi en Seine-Saint-Denis, haut lieu traditionnel de la mobilisation dans l’Académie. Le 4 février, l’inspecteur d’académie avait indiqué que seuls 4 ou 5 étaient touchés par le mouvement sur 184 au total. Mais la montée des tensions ne se juge pas seulement au nombre de grévistes. Il y a aussi l’ambiance qui se dégrade dans l’établissement.

L’Académie de Créteil est certainement particulière. C’est la seconde en importance en France - derrière celle de Versailles - et l’une des plus remuantes. C’est celle qui abrite, proportionnellement, le plus grand nombre d’établissements classés Zep ainsi que le plus grand nombre de lycées pros. Autrement dit d’établissements difficiles, accueillant des élèves de milieux défavorisés, voire en échec scolaire. Pour couronner le tout - c’est la règle en France -, on envoie dans ces académies difficiles les profs les plus débutants et les moins expérimentés.

Au delà de ses spécificités, l’académie de Créteil peut être considérée comme une caisse de résonance, qui renvoie en l’amplifiant un malaise palpable ailleurs. La période est en effet délicate. On commence à connaître dans les établissements les DHG - les dotations horaires globales qui sont, pour résumer, le nombre d’heures d’enseignement et donc de postes - que vont avoir les collèges et les lycées à la rentrée 2010. Une question particulièrement sensible ces dernières années avec les suppressions massives de postes.

Il y a aussi l’entrée en application de la réforme de la classe de seconde, qui chamboule les emplois du temps, bouleverse les habitudes. Il faut ajouter la mise en place de la - très contestée - réforme de la formation des enseignants. L’une de ses conséquences va être l’arrivée de jeunes profs qui n’auront jamais fait de stage dans les classes. La réforme prévoit tout de même qu’un prof "tuteur" de l’établissement sera avec lui jusqu’aux vacances de la Toussaint. Mais celui-ci devra alors être remplacé. Et il ne connaîtra ses classes qu’après la Toussaint...

Tous ces sujets sont motifs de mécontentement. Et l’on sent poindre ici et là de l’inquiétude. Comme si tout un monde se retrouvait déstabilisé par cet afflux de réformes, faites et imposées à la va-vite pour "moderniser le système" ... et supprimer des postes.

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