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"N. Sarkozy, X. Darcos, V. Pécresse condamnés", par Philippe Piedalet, Chroniques d’abonnés, "Le Monde", 14 mars 2009

lundi 16 mars 2009

Défilés, blocages, cours « hors-les-murs », et hier (vendredi) place de la Sorbonne, mise en scène du procès public de Nicolas Sarkozy et de ses complices, Xavier Darcos et Valérie Pécresse. « Les très doctes pères de la Sorbonne », enseignants-chercheurs, n’ont pas manqué d’imagination.

Deux joueurs de trombone, un crieur, la cour, l’avocat général et ses assesseurs, les gardiens des prisonniers et le bourreau ont donné un spectacle d’une heure. « Accusés d’hérésie, de parjure et de blasphème envers l’illustre Université et le Bien public », les trois prisonniers ont comparu « par ordre de taille et d’importance croissante » devant un public réclamant justice. Les « doctes » ont présenté les accusés :

- « Nicolas Sarkozy » : futur ex-président d’un pays en voie de privatisation.

- « Xavier Darcos » : ministre à la mine triste de l’Education nationale et de l’abêtissement général.

- « Valérie Pécresse » : ministre à la mine triste de l’Enseignement et de la Recherche désespérée d’une présidence de région.

Ils sont accusés de tentative d’assassinat contre l’université, de complot contre le savoir, d’outrage contre le Bien public, hérésie, parjure et blasphème contre l’université, le Savoir et le Bien public. « Valérie Pécresse » est la première à subir les questions du parquet de la Sorbonne. Tout y passe : décret sur les enseignants- chercheurs, contrat doctoral... Sur l’air de Non, je ne regrette rien, une de ses réponses, « non ma réforme, ce n’est pas de la merde », suscite les sifflets du public. Suit « Xavier Darcos », présenté comme « habitué à reculer ». Les doctes citent un de ces discours : « La frénésie réformiste (...) doit cesser » (Convention UMP sur l’Education, le 22 février 2006). Les chercheurs sont parfois sans pitié. Vint le tour de « Nicolas Sarkozy ». Après une présentation rapide, un assesseur se veut rassurant : « Quel traumatisme ? Qu’est-ce qui s’est passé dans votre vie ? Parlez mon enfant ! ». Plus vrai que nature, le « président » répond au téléphone ! L’assesseur tonne : « Je vous demande de vous arrêter ». Son téléphone saisi, il ne veut pas répondre aux questions. Les doctes jouent alors leur atout maître : la Princesse de Clèves. La lecture de l’œuvre agit immédiatement sur le président et lui déclenche une crise d’hystérie. Il est prêt à répondre. Un des juges, bien clément, interrompt la Princesse.

Il est temps de passer au jugement. Le réquisitoire de l’avocat général est sans concessions : « l’un est un cancre, vulgaire, « auteur plagiaire » d’un livre sur G. Mandel. L’autre dit qu’on l’a forcé. La dernière ne sait que donner des preuves d’amour ». Les juges se réunissent moins d’une minute. La sentence est prête à tomber. Les trois accusés sont reconnus coupables de complot et de conspiration, de vol et d’extorsion, de tentative d’assassinat contre la Princesse de Clèves, de blasphème, de parjure, d’hérésie contre l’Université, le Savoir et le Bien public.

Valérie Pécresse, au titre de complicité, est « démise de ses fonctions de ministre de la destruction de la Recherche ». Elle est condamnée à faire amende honorable en place de la Sorbonne et frappée d’infamie. Xavier Darcos a des circonstances aggravantes : il est professeur de Lettres classiques et ... docteur de la Sorbonne. Il est démis de ses fonctions de ministre de l’endoctrinement national et condamné « à porter des couches culottes à perpétuité ». Le bourreau lui met sa couche et une fessée ! Nicolas Sarkozy est condamné comme instigateur principal. Circonstance aggravante, il a tout prémédité. La sentence est sévère, humiliante, insoutenable. Il est condamné à l’écartèlement de toutes ses montres (les rolex, les rolex scandent le public) ; à la flagellation collective ; il doit aussi repasser son bac ES (il a un bac B, ancêtre du bac ES qui, selon ses déclarations du 28 janvier dernier « est une blague » ; enfin, il sera enfermé à perpétuité dans une cellule individuelle avec la Princesse de Clèves.

En un autre temps, la sentence aurait été affichée et criée aux principaux carrefours où les condamnés auraient été exposés. Aucun doute, hier, inventivité, réflexion, pensée, esprit critique, imagination et aussi dérision étaient place de la Sorbonne.


Voir en ligne : Le Monde