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"Université et paiement des jours de grève : le risque pour les examens ne vient pas d’où l’on croit", par Mademoiselle de Chartres, princesse de Clèves, Chronique d’abonnés, "Le Monde", 15 mars 2009

lundi 16 mars 2009

La question du paiement des jours de grève des universitaires a toujours été complexe pour diverses raisons :

- Les universitaires "doivent" 192 heures équivalent TD de présence. Mais ce "forfait" inclut bien d’autres choses que le simple "présentiel". Il inclut toutes les tâches de préparation, d’organisation, de correction, de tenue de jurys (qui sont nombreux et divers).
- La manière dont ces cours et travaux dirigés sont organisés est très souple. Pour mille raisons (absences médicales, pour congrès, etc.). Les universitaires ont coutume de rattraper leurs absences médicales de courte durée s’ils n’ont pas été remplacés, les jours fériés et même le 1er mai et les jours de grève des transports, par exemple. En fait tout ce qui a pour effet de diminuer la durée du semestre.

Actuellement, soit parce qu’ils sont grévistes, soit parce que leur université est bloquée, soit parce qu’ils se plient démocratiquement aux décisions des assemblées générales, nombre d’universitaires n’assurent pas leurs cours et travaux dirigés. Mais tous ou presque continuent à assurer un service minimum en conseillant des lectures, en maintenant le suivi de stages, de travaux personnels et de mémoires de master, etc., soit par des rencontres "informelles", soit par Internet.
Lorsque ces évènements prendront fin, ils vont prendre toutes dispositions pour rattraper les enseignements non délivrés, autant que faire se pourra, pour que les sessions d’examen aient lieu dans des conditions correctes. Ils passeront peut-être des nuits pour corriger les copies dans des délais plus courts.

Ceci n’a donc rien à voir avec une grève des transports publics, par exemple.

Cette situation paradoxale peut étonner. Elle existe simplement parce que le métier d’universitaire n’est vraiment pas comme les autres. Et c’est parce que ceux qui les gouvernent ne connaissent rien à ce métier qu’ils se sont mis à dos toute la communauté universitaire qui se sent injuriée et humiliée. Les ministres mal conseillés peuvent persister en organisant des concertations croupions qui ne serviront à rien. Les universitaires ne sont pas sots. Ils ne se laissent pas prendre. Et le mouvement enfle au lieu de diminuer.

On peut aussi tenter de les "vaincre" en attaquant le porte monnaie des grévistes... Qu’il faudra d’ailleurs chercher et trouver. Simplement il faut savoir que dans ce cas, il n’y aura vraisemblablement aucun rattrapage des cours et travaux dirigés manqués.

Ceci mettra donc alors véritablement en danger les sessions d’examen.


Voir en ligne : Le Monde