Accueil > Université (problèmes et débats) > Radiographie d’un champ disciplinaire (français/LSHS) ; Martine Boudet (...)

Radiographie d’un champ disciplinaire (français/LSHS) ; Martine Boudet professeure agrégée de Lettres modernes (Toulouse), membre de SLU ; le 16 septembre 2012

mardi 18 septembre 2012

Les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche et la consultation sur la refondation de l’Ecole sont l’occasion de faire le point sur la situation du français et des Lettres. La crise de croissance que traversent ces disciplines résulte des limites du modèle né de mai 68 et fondé sur un mode de développement productiviste-consumériste. Depuis une décennie, la mise en place de l’ « économie de la connaissance » à l’échelle européenne constitue un obstacle supplémentaire à la transmission des patrimoines linguistico-culturels et à la création artistique.

Avant d’en proposer un bilan et des pistes de remédiation, il importe de préciser le contexte qui prévaut à cette situation, dans le champ des sciences humaines et sociales (SHS).

I- Historique et contexte institutionnel

A- Promotion des mathématiques et du champ techno-scientifique (après mai 68)

Dans l’objectif de la modernisation des infrastructures et dans le sillage de mai 68, fut renforcé à l’Ecole l’enseignement des mathématiques, de l’économie, des sciences et techniques. Furent créés en 1969 la filière SES (sciences économiques et sociales), de nombreux baccalauréats technologiques et professionnels. L’introduction des maths modernes a été favorisée par la création des IREM (Instituts de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques), maîtres d’œuvre du recyclage des enseignants dans cette discipline :

« Ce sont des services de l’université, en relation avec le département des mathématiques, les services rectoraux, l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) et l’inspection de mathématiques. Les IREM ont été créés en 1969 avec les missions suivantes : contribuer à la formation initiale et continue des enseignants, contribuer à l’expérimentation pédagogique, élaborer et diffuser des documents pour enseignants et formateurs, mener des recherches sur l’enseignement des Mathématiques.

La principale originalité et richesse des IREM est de réunir pour ces missions des enseignants de Mathématiques de tous les niveaux (collège, lycée, lycée professionnel et technique, école, université, IUFM). Les différents IREM se sont progressivement organisés en un réseau de 26 IREM en France. » [1]

Dans le même temps, la transposition de la linguistique en français et en Lettres, évolution didactique de même envergure, était le fait d’associations militantes, des revues Pratiques et Le français aujourd’hui (revue de l’AFEF, Association française des enseignants de français) : un travail remarquable a été conduit mais peu accompagné institutionnellement et donc sujet à déformation.

Nouveau rendez-vous quatre décennies plus tard, à l’occasion du débat national sur l’Ecole (2004) : ses conclusions portent sur la mise en place du socle commun de connaissances et de compétences, qui met théoriquement sur un pied d’égalité les cultures linguistique et scientifique ; dans les faits, les priorités sont les suivantes :

« Prévenir et combattre l’illettrisme, en commençant dès le cours préparatoire. Il est inacceptable, en effet, que près de 15% des élèves entrant en classe de sixième ne sachent pas correctement lire et écrire. Si l’on ajoute tous ceux qui n’ont pas, en ce domaine, l’aisance suffisante pour suivre sans difficulté les enseignements du collège, c’est plus d’un tiers des élèves de sixième qui entrent dans cette classe sans avoir acquis les compétences nécessaires en lecture et en écriture. (…)

« Stopper la crise des vocations scientifiques et revaloriser la place de la science dans la cité. C’est un phénomène européen, et même plus généralement occidental, qui devient réellement inquiétant. La baisse des vocations scientifiques tend à prendre des proportions considérables. Un plan de redressement est nécessaire, qui doit commencer dès l’école primaire, se développer au collège, puis au lycée, et s’achever à l’université. » [2]

Lutte contre l’illettrisme d’une part, promotion des vocations scientifiques et revalorisation de la science de l’autre : n’y a-t’il pas là deux poids et deux mesures ? Au français et aux Lettres les tâches minimales, élémentaires du lire-écrire, aux maths et aux sciences le parcours d’excellence dans les hautes sphères du savoir et du pouvoir conjugués. Depuis lors, la situation s’aggrave, les objectifs de maîtrise de la langue –à l’oral et à l’écrit- et de la culture littéraire – connaissance des textes patrimoniaux…- n’étant pas réalisés.

B- L’économie de la connaissance ou l’accroissement des disparités entre champs disciplinaires

Dans la dernière décennie, une autre étape a été franchie avec la mise en place de l’ « économie de la connaissance », qui gère la production et la commercialisation des biens immatériels. Sous l’influence de l’Union Européenne [3] , ce nouvel environnement, défavorable aux savoirs moins compétitifs et rentables à court terme, tend à formater l’opinion publique en fonction du critère dominant de la croissance. Et cela au détriment des services qui contribuent au développement, et que doivent fournir entre autres Lettres et sciences sociales.

Cette orientation conduit à un accroissement considérable des disparités entre champs disciplinaires. Pour exemple, à Toulouse, les principaux pôles de compétitivité créés en 2005 gèrent des programmes dans le domaine des sciences physiques et du vivant : l’Aerospace campus (2000 chercheurs, 600 millions d’euros, 17 immeubles) et le Cancéropôle qui est de même envergure. Le plan campus concerne surtout l’université de sciences (Rangueil), en particulier sur un programme de promotion des nanotechnologies. L’université des Lettres, arts et sciences humaines (université du Mirail) n’a droit qu’à la réhabilitation de son patrimoine immobilier. Dans le cadre de la LRU, l’investissement privé risque d’y être peu important également. Dans le même temps, les prérogatives de l’IUFM ayant été quasiment annulées au cours du dernier quinquennat, les sciences de l’éducation en ont été d’autant minorées.

Avec la mise en place des pôles régionaux de compétitivité, des pôles d’excellence (plan campus), de la LRU…sciences et techniques ont les moyens d’une protection institutionnelle (certes imparfaite, la recherche fondamentale étant marginalisée et la recherche appliquée trop souvent instrumentalisée). Ce dispositif s’ajoute à la longue liste des écoles d’ingénieurs et de commerce, publiques et privées. Le sport, faisant l’objet d’une technologisation et d’une commercialisation intenses, bénéficie également de nombreuses infrastructures pour accueillir les publics scolaires et universitaires de haut niveau voire d’élite. L’informatique donne lieu à un investissement systématique et semble-t-il excessif, programmé en sous-main par l’industrie numérique. [4]
. Par comparaison, le champ institutionnel des Lettres et sciences humaines et sociales (LSHS), dont les coûts d’entretien sont pourtant nettement moindres mais qui ne peut se prévaloir de lobbies industriels, apparaît singulièrement restreint, au regard des besoins sociétaux : en plus des IUFM dont l’existence était d’ailleurs menacée sous la dernière mandature, il se limite aux départements universitaires et du CNRS spécialisés ainsi qu’à quelques instituts (EHESS…) et ENS, réservées à une minorité ou à une élite.

Instrumentalisation des sciences et techniques, marginalisation des LSHS : ce déséquilibre stratégique a des incidences au niveau des relations entre cultures de genre, le champ technoscientifique étant encore majoritairement masculin à la différence de celui des LSHS. De même qu’au niveau des filières de Baccalauréat, la filière scientifique étant développée comme pôle d’élite pendant que décline la filière littéraire. Chez les publics scolaires, ce déséquilibre est à l’origine, parmi d’autres facteurs structurels, de la perte de valeurs et de repères, source de violences, de dépendances et de déculturations. Au-delà, la crise de croissance de l’Union européenne nous interpelle sur la pertinence de ces choix, peu discutés sous un angle épistémologique. Ainsi, le jargon technocratique issu de l’abus du langage mathématique permet de masquer des choix financiers et économiques souvent irresponsables [5] .

Le rééquilibrage de la politique éducative, de recherche et de formation en France est conditionné à la valorisation de programmes complémentaires, qui pondèrent les modes actuels de développement. Peut-on compter pour ce faire sur le Conseil pour le développement des humanités et des sciences sociales (CDHSS), créé en 2011 ? Vu sa discrétion jusqu’à présent, le doute est permis . Une expertise citoyenne est à conduire, à partir entre autres des conclusions durapport Godelier sur l’état des SHS en France et en Europe (2001) , encore d’actualité. Sur ces bases et dans le cadre d’un dialogue interdisciplinaire et intradisciplinaire, il appartient à ce champ de contribuer à une lecture critique et constructive des projets de société et des systèmes de représentation. Ainsi, le système éducatif, dont l’inadaptation est devenue endémique à l’heure de la mondialisation et de la société des médias, réclame l’élaboration d’humanités, de l’ordre de l’anthropologie (inter)culturelle. Comme l’écrivait déjà Edgar Morin [6] lors des consultations du gouvernement de la gauche plurielle en 1999, un référentiel élaboré à partir des fondamentaux des LSHS serait précieux pour l’éducation à une citoyenneté éclairée aux plans communicationnel et sémiologique, psycho-social, géo-politique, anthropologique ... Le manque d’élaboration des IUFM dans ce domaine est l’une des raisons principales de leur décrochage : cette tâche leur incombe de même qu’aux universités avec lesquelles ils collaborent.
En complément et à titre de pondération, la création d’IREF (Instituts de recherche sur l’enseignement du français) sur le modèle des IREM serait bienvenue. En collaboration avec les autres disciplines du champ et les équipes des IUFM et d’autres écoles de cadres enseignants (ENS, IFE), cette démarche favoriserait la refondation d’une didactique (inter)disciplinaire. Réactivant la recherche-formation, via notamment la constitution de sites et de listes électroniques dans les différents instituts, pour une expression plus libre et créatrice des enseignants et personnels éducatifs. Dans des établissements pilotes, situés en particulier dans des zones d’éducation prioritaire (ZEP), pourrait être mise en place une expérimentation, objet d’expertise et d’amplification.
Pour répondre à la demande de repères et de reconnaissance des jeunes des quartiers pluri-ethniques, qui se traduit par une violence sociétale toujours accrue, il importe de créer par ailleurs un statut de médiateur interculturel. Force est de constater à l’Ecole la persistance d’un modèle excessivement centralisé, général et unitariste, au détriment de l’expression des minorités culturelles et de leur apport à la culture nationale. Cela malgré la reconnaissance depuis une décennie de la « diversité » comme principe républicain [7] . D’où un enlisement certain de la pédagogie fondée sur la devise impersonnelle et trop individualisée « l’élève au centre des apprentissages ». Deux rapports récents, respectivement des Etats généraux de la sécurité à l’Ecole et de la Cour des comptes, insistent sur la nécessité de ne plus uniformiser les enseignements et, tout en conservant le cadre unitaire d’ensemble, de les diversifier de manière à les adapter aux publics concernés [8]
.

Un tel dispositif est apte à réconcilier de nombreux publics avec la langue française et les cultures européennes et francophones. Apte également à renforcer la professionnalisation des LSHS et à remobiliser les étudiants en faveur du métier d’enseignant. Au plan budgétaire, il faut préciser que, comparée à la gestion des laboratoires et instituts spécialisés dans les autres champs disciplinaires, cette création serait d’une modicité certaine.

D’une manière plus générale, étant donné la pression exercée par les lobbies industriels et le monde économique sur les institutions de recherche et d’enseignement, il serait intéressant de légiférer pour la protection des savoirs universitaires, didactiques et scolaires, à définir comme des « biens immatériels de l’humanité ». Cette mesure présuppose le maintien d’un niveau suffisant de budgétisation des différents secteurs dont celui des LSHS. Comme le propose Anne Berger [9] , ses budgets pourraient être garantis par l’Etat, par la péréquation d’une partie des budgets octroyés par les lobbies à d’autres secteurs plus « rentables » et professionnalisants.

II- Radiographie du champ disciplinaire

A- La corporation enseignante

1- le statut des Lettres Modernes

Dans le contexte économiste qui a vu la décrue des humanités anciennes après mai 68, le relais pris par les Lettres Modernes ne s’est pas amorcé dans des conditions satisfaisantes ; à la trivalence des Lettres Classiques -français, latin, grec- a succédé la monovalence des Lettres Modernes, les différentes spécialités académiques de cette discipline étant gommées institutionnellement ou peu valorisées : littérature comparée, littérature francophone, stylistique/critique littéraire, sciences du langage, sémiotique, grammaire sémantique, français langue étrangère (FLE) … D’où une indéniable et inacceptable perte sèche en matière de transposition de savoirs à l’Ecole. Dans les faits, en guise d’unité, c’est souvent le plus petit dénominateur commun qui sert de « modèle » aux équipes disciplinaires.

La minoration des prérogatives des Lettres modernes s’inscrit dans un contexte de divisions entretenues entre les courants des « éducateurs », plutôt favorables aux savoirs-faire dispensés à l’IUFM, et des « disciplinaires » qui privilégient les contenus d’enseignement d’origine universitaire. Témoigne de ces clivages stériles la disqualification de la grammaire du discours au profit de la grammaire de phrase, sous le ministère de Xavier Darcos, ancien inspecteur général de Lettres classiques. A contrario de ce contresens historique, c’est de l’ouverture à ses diverses composantes que peut se nourrir la discipline pour évoluer :

« Le défi auquel nous sommes confrontés, pour que l’enseignement du français, mais aussi plus largement l’idée même de formation littéraire, aient toute leur place dans l’évolution actuelle du système éducatif, c’est au contraire d’ouvrir au besoin la discipline à de nouveaux domaines, c’est de réussir à articuler entre elles ses différentes composantes, pour les mettre au service d’un projet cohérent et attractif.(…) Ce projet ne peut réussir que s’il est intégrateur, s’il fédère et met en cohérence différentes représentations possibles -et légitimes- de la discipline. »

Les Lettres Classiques peuvent contribuer au dialogue des cultures dans le temps et à travers l’histoire du pays : par comparaison avec les référentiels actuels, une initiation en cours de français aux étymologies gréco-latines et aux patrimoines antiques ne peut que favoriser la réinculturation, le réenracinement dans les origines des langues-cultures française et européennes. Il incombe aux Lettres Modernes d’assurer cette projection interculturelle de manière synchronique et à l’échelle du monde, grâce entre autres à une collaboration avec le FLE-FLS (français langue étrangère-français langue seconde) [10]. En partant du constat suivant :

« Les jeunes Français ne sont pas tous placés dans une position d’égalité et d’équité face à l’apprentissage, à la maîtrise et à la transmission de la langue française (…) La question linguistique (…) est au centre de la construction de la difficulté scolaire et des inégalités, d’autant que dans un pays monolingue en droit et qui cultive depuis plusieurs siècles l’idéologie monolingue et le culte de la langue française, la seule ressource légitime ne peut qu’être la langue française » [11] .

Pour contribuer à résorber ce lourd passif, les personnels issus de la Coopération pourraient être invités à réinvestir leur expérience face à des publics plurilingues, dans les banlieues ou dans les DOM-TOM par exemple. Il importe aussi d’octroyer un statut digne aux personnels en FLE-FLS, trop souvent relégués comme leurs publics étrangers ou d’origine étrangère, dans les marges du système éducatif :

« Dans le secteur public, les enseignants spécialisés FLE/FLS ne peuvent être titulaires puisqu’ aucun type de concours de la fonction publique ne leur est spécifiquement destiné. Ces enseignants sont donc agents non titulaires, pour l’immense majorité en contrat à durée déterminée, sans aucun espoir d’avenir professionnel et quel que soit le type d’organisme pour lequel ils travaillent : universités, collectivités et entreprises publiques, ministères de l’Éducation ou de l’Agriculture. Mal reconnus bien que parfaitement formés, ils assurent des missions pérennes, et prouvent chaque jour par leurs compétences, leur expérience et leur investissement qu’ils sont un élément indispensable au bon fonctionnement d’une véritable mission de service public, à savoir l’accueil et la formation de personnes désireuses d’apprendre le français pour vivre et s’intégrer en France, pour participer aux échanges économiques internationaux ou encore simplement pour découvrir et diffuser la culture française. Ils servent donc l’intérêt général et contribuent au bien-être à la fois matériel et culturel des populations françaises et francophones du monde entier. [12] »

2 – La féminisation de la corporation et la crise des valeurs à l’Ecole

Autre facteur de fragilisation de la corporation en Lettres, sa féminisation, ce phénomène étant nettement amplifié par rapport à la situation qui prévaut dans l’institution. Le déséquilibre des relations entre cultures de genre qui procède, comme écrit précédemment, des déséquilibres interdisciplinaires, participe de la dégradation du lien social et de la citoyenneté scolaire et juvénile. Pour reprendre la terminologie de Pierre Bourdieu [13], l’actuel couple sciences/techniques (pôle majoritairement masculin)-français/Lettres/humanités (pôle plutôt féminin) étant déséquilibré, le troisième pôle du triangle qu’est le public scolaire en subit les conséquences. Le clivage entretenu entre la pléthore des savoirs et des savoirs-faire techno-scientifiques et l’insuffisance, en français et en règle générale au niveau de la vie scolaire, d’outils didactiques et méthodologiques appropriés en matière de savoirs-être, amplifie l’essor de l’anti-culture, fondée sur les violences (en actif) et sur les dépendances ou addictions (en passif). Ces deux modes de dysfonctionnement (violences vs dépendances) s’avèrent des dérives des deux pôles génériques-disciplinaires précités. Concernant les personnels, une disparité a été constatée au niveau de certaines promotions de carrière (passage à la hors classe…) pour lesquelles des disciplines scientifiques et technologiques sont avantagées. Cette disparité s’expliquant au plan psycho-social par le redoublement des dominations, sur un plan disciplinaire et générique.

Pour remédier à cette situation, au-delà de la défense des droits politiques et économiques des femmes, il s’agit de faire valoir un droit culturel, celui de bénéficier d’une égale dignité, d’une égale considération sociale, quelles que soient les disciplines de spécialité, auxquelles hommes et femmes appartiennent. Sa concrétisation passe par la lutte contre les disparités dans la gestion des carrières des personnels (promotion à la hors classe, aux postes de responsabilité…).

B– Le statut de la filière littéraire en lycée

Comme l’expertise le rapport de l’Inspection Générale de l’Education Nationale (IGEN) publié en 2006 et intitulé « Evaluation des mesures pour réévaluer la filière littéraire en lycée », cette filière est vouée à l’extinction si aucune réforme structurelle n’intervient. Un contexte défavorable aux études littéraires, une visibilité insuffisante en matière de débouchés professionnels, un recrutement surtout par défaut concernant des publics en échec ailleurs, un public féminin qui est passé dans la dernière période de 60% à 86%, un taux de recrutement très insuffisant (10%), …tels sont quelques-uns des symptômes relevés [14].

La concurrence imposée entre les filières a fonctionné en la défaveur des humanités littéraires ; par exemple, au lieu d’être un objet d’enseignement transversal, les SHS, disciplines pourtant proches des Lettres dans l’enseignement supérieur, sont enseignées de manière exclusive par la filière économique, ainsi que par les filières technologiques et professionnalisantes :

« La série littéraire connaît un véritable effondrement.(…)L’émergence de la série économique et sociale, à partir des années soixante, y est évidemment pour quelque chose : le littéraire s’en trouve repoussé sur un territoire plus étroit, et voit se développer à ses côtés le champ des sciences humaines. Il y a là sans doute une occasion d’élargissement ratée. Depuis, la série littéraire ne cesse de reculer(…) Accepter cette situation signifierait que le français, à terme, n’aurait plus de relation privilégiée avec une voie de formation originale, et apparaîtrait comme une simple composante de voies spécifiées par d’autres disciplines. » [15]

Le rapport de l’IGEN préconisait, pour l’élargissement du choix des spécialités de cette filière, la mise en place de cinq dominantes : littératures et civilisations, arts et culture, communication et sciences du langage, sciences humaines, institutions et droit. Concernant les troisième et quatrième, les préconisations sont les suivantes :

« Communication et maîtrise des langages : il ne s’agit pas de développer la maîtrise des techniques de communication, comme dans la série STG, mais de proposer une première approche du monde de la communication dans toutes ses composantes : presse, média, publicité, documentation, internet, en favorisant une approche critique des phénomènes contemporains de communication et des pratiques sociales et une mise en perspective historique. (…) La maîtrise de la langue, dans tous ses usages, des formes et des figures du discours serait au cœur des enseignements, qui comporteraient aussi des éléments de sociologie et de psychologie et donneraient un aperçu des théories de la communication.
Sciences humaines : cette composante comporterait une composante philosophique (fondements de la sociologie, de l’anthropologie, de la psychologie) et une composante mathématique forte (éléments de mathématiques nécessaires aux études démographiques, sociologiques et économiques notamment)…
 »

Tout comme le rapport Godelier, le rapport de l’IGEN n’a pas été retenu, ni même discuté dans le monde enseignant. De même que l’introduction de l’enseignement du droit, préconisé au moment de la réforme récente des filières en lycée, ce rajoût visant à satisfaire une opinion publique soucieuse de la professionnalisation des bacheliers, dans un contexte devenu incertain. Dans l’objectif de faire de la filière littéraire un pôle d’excellence et intégrateur de savoirs et de cultures, il importe de prendre en compte les conclusions de ce rapport.
Et d’élaborer une didactique des Lettres propre à cette filière,
axée sur des enseignements également de haut niveau [16] .

C– La crise de la création, de la critique littéraire et de la philosophie

La résultante de ces différents choix, économiques et éducatifs, se manifeste à l’échelle de la création littéraire elle-même, jusqu’alors l’un des fleurons de la culture nationale. Si l’insuffisante maîtrise de la langue française concerne les catégories populaires, la crise littéraire est celle des intelligentsias qui ne conçoivent plus de manière satisfaisante modèles et idéaux collectifs, ces faits limitant d’autant la projection civilisationnelle du pays. Le phénomène a débuté il y a déjà presque un demi siècle : quelle que soit leur valeur littéraire au demeurant, les mouvements de l’Absurde et du Nouveau Roman ont amorcé l’ère du désenchantement, objet d’étude souvent difficilement transmissible, si ce n’est par défaut et sur le mode de la distanciation. Depuis lors, plus vraiment de mouvement d’idées organisé, tout du moins en métropole, phénomène paradoxal à l’heure d’Internet. Les écrivains ne sont-ils pas incités à renoncer à construire des univers fictionnels et conceptuels à caractère alternatif et utopique, les œuvres fragmentaires ou qui font l’apologie de la déconstruction étant plébiscités par les médias ? Quant aux genres majeurs - mythe, poésie, épopée, somme romanesque…-, ils sont délaissés au profit de genres secondaires -roman policier, autobiographie, BD…- ; en parallèle, la critique littéraire et universitaire -enfin ce qu’il en reste après deux décennies de reflux- s’intéresse plus aux genres fictionnels qu’aux genres complexes de la poésie et du mythe. Quant au débat philosophique, depuis la fin de la génération sartrienne, il est moins assumé par les écrivains, pourtant proches de cette discipline que par les scientifiques de la nature (physiciens, biologistes…) qui s’intéressent aux répercussions éthiques, métaphysiques, juridiques…de leurs découvertes.

Le diktat techno-économiste conduit à la raréfaction du mode de pensée analogique, mythique et métaphorique, au profit d’un logos numérique, rationnel et calculateur [17] ; ainsi menace de se tarir la source d’inspiration métropolitaine, à la différence de celle des Dom-Tom par exemple qui a maintenu un lien vivant et pérenne avec le premier mode de pensée. Les courants de la Négritude et de la créolité en rendent compte avec brio.

Autre obstacle, l’anglomanie [18] . Il ne pourra être combattu par le seul apport de la culture française contemporaine, dont la fragilité a été démontrée. Correspondant à une identité nationale fermée, le souverainisme littéraire et disciplinaire serait une bien piètre réponse aux défis actuels. Le dialogue interculturel ne peut se contenter non plus de choix éclectiques, sources d’un cosmopolitisme vague. En revanche, la reconnaissance des divers ancrages civilisationnels du français - les régions historiques, les DOM-TOM, l’espace francophone, l’Union Européenne- est à même de revitaliser sa transmission . Reconnaître l’apport stratégique de leur patrimoine à la construction d’un humanisme post-néo-libéral passe par une formation des enseignants à ces cultures et littératures moins familières.

Pour conclure, il y a « péril en la demeure » et une comparaison s’impose pour l’illustrer : suite à la marginalisation des langues historiques dont l’occitan- langue littéraire, langue des troubadours au Moyen Age-, suite à celle des langues anciennes, le latin et le grec après mai 68, c’est au tour du français de subir le rouleau compresseur de l’involution historique. Inverser cette tendance nécessite d’adopter une politique francophone, non plus confidentielle et confinée pour des intérêts géo-politiques douteux dans les officines néo-coloniales mais ouverte à la diversité, notamment sur l’axe Nord-Sud. La création d’un institut international de la Francophonie y participerait : grâce à la recherche -enseignement dans le domaine des LSHS concernées -littérature comparée, anthropologie culturelle et de genre, sémiologie, ethno-linguistique, ethno-sociologie, histoire des idées et des formes, géo-politique, macro-économie, droit international…- il s’agirait de théoriser les évolutions sociétales à l’échelle du monde et du pays et de contribuer, ce faisant , à l‘éducation à des modes alternatifs de développement et de citoyenneté.

Côté société, des événements ont manifesté les progrès dans l’opinion d’une orientation de cet ordre : reconnaissance nationale en 2008 de l’œuvre d’Aimé Césaire, représentant de la Négritude, consécration au festival de Cannes du film Entre les murs [19], mettant en scène la vie d’une classe de banlieue en cours de français, attribution du prix Nobel de littérature à l’écrivain cosmopolite JM Le Clézio….

Conclusion

Les Assises de l’ESR et la consultation sur l’Ecole permettront-elles de débattre de ces enjeux ? Il faut l’espérer, sachant que les habitudes ont la vie dure. Ainsi, le champ des LSHS est peu représenté dans la composition du comité de pilotage des Assises et la seule perspective de promotion disciplinaire, en ces temps de crise économique, concerne « la recherche technologique, immédiatement transférable dans le tissu industriel, notamment les PME-PMI et ETI » [20]. La consultation met quant à elle l’accent sur « le passage à l’Ecole numérique » ; cela dit, des perspectives sont offertes aussi dans le domaine de l’enseignement artistique. Il est bien sûr de la responsabilité des différents acteurs de collaborer pour que, dans le secteur des LSHS comme dans les autres, l’alternance soit transformée en une authentique alternative. C’est à ces conditions entre autres qu’en réponse à une économie de la connaissance réductrice et aliénante, pourra être alimentée une « culture des humanités et de l’interprétation » :

« En amont comme en aval de la production de connaissances ou de la transmission d’information qui obnubilent aujourd’hui nos imaginaires, nous devons interpréter des expériences pour en tirer des données, et interpréter des discours pour en tirer du sens. (...)Or, c’est dans la culture des humanités que se forge et se régénère une bonne partie des ressources dont nous disposons collectivement pour interpréter activement et pour transformer intelligemment notre monde.(...)Le travail rétrospectif et réflexif fourni par les humanités est indispensable : lui seul permet de nous orienter dans le présent afin de mieux frayer les voies de l’avenir. » [21]

PROPOSITIONS (résumé)

1-vote d’une loi pour la protection des savoirs universitaires, didactiques et scolaires, « biens immatériels de l’humanité ». Garantie donnée par l’Etat d’un niveau suffisant d’investissement étatique et de budgétisation des missions des différents secteurs dont celui des LSHS. Par exemple par péréquation d’une partie des budgets octroyés par les lobbies notamment industriels.

2— création d’un institut international de la Francophonie dont l’objectif est de favoriser la diversité culturelle et la coopération en matière de recherche- enseignement dans le monde francophone. Promotion des sciences et disciplines de spécialité : géo-politique, macro-économie, droit international , anthropologie culturelle et de genre, sémiologie, ethno-linguistique, ethno-sociologie, histoire des cultures et des idées, littérature comparée, didactiques du FLM-FLE-FLS…

3-Collaboration IUFM-universités en LSHS pour l’élaboration d’un référentiel transdisciplinaire, à partir des fondamentaux des LSHS. Dans les domaines communicationnel, sémiologique, psycho-social, géo-politique, anthropologique…

4- Création d’IREF (Instituts de Recherche-Enseignement en Français), gérés en collaboration avec les autres disciplines du champ et les équipes des IUFM et d’autres écoles de cadres enseignants. Elargissement du vivier d’enseignants-chercheurs de terrain, en fonction des différentes composantes et courants disciplinaires

5-Création d’un statut de médiateur interculturel dont la corporation soit intégrée à la Fonction publique d’Etat (dans l’Education nationale) et dont la discipline soit composée d’un référentiel transdisciplinaire élaboré à partir des fondamentaux des LSHS. Dans les domaines communicationnel, sémiologique, psycho-social, géo-politique, anthropologique…

6-Création d’un statut de titulaire pour les professeurs de FLE-FLS et mise en place d’un parcours de carrière similaire à celui des enseignants de FLM

7 – Reconnaissance institutionnelle des spécialités académiques des Lettres Modernes : littérature comparée, littératures francophone et européenne, sciences du langage (sémiotique, pragmatique…), Français langue étrangère/Français langue seconde (FLE/FLS), sciences humaines et sociales…

8-Lutte contre les disparités de discipline et de genre, dans la gestion des carrières des personnels, notamment pour la promotion à la hors classe et les postes à responsabilités

9– Création de sites et listes électroniques dans les IUFM, pour la libre expression et le dialogue des enseignants ; création de sites et listes d’établissement également autogérés

10- mise en place de pôles pilotes à caractère expérimental, notamment en matière de médiation interculturelle et d’enseignement FLE-FLS (ZEP, banlieues, DOM-TOM…). Réinvestissement des acquis de la Coopération enseignante et expertise nationale des expériences, pour éventuelle amplification.

11- prise en compte du rapport de l’IGEN (2006) pour la filière littéraire concernant l’élargissement des pôles spécialisés au compte de cette filière : littératures et civilisations, arts et culture, communication et sciences du langage, sciences humaines, institutions et droit

12– Création en Lettres d’un pôle d’excellence et de spécialités propres à la filière littéraire : renforcement des programmes, des épreuves, publication de manuels spécifiques…

13- approfondissement de l’éducation à la citoyenneté dans les différentes disciplines : renforcement des programmes du secondaire dans ce domaine (dans le cadre du socle commun des connaissances et des compétences)

14- Renforcement des enseignements interculturels en Français, dans le temps (Lettres Classiques) et dans l’espace (Lettres Modernes) ; formation aux littératures régionales, francophone et européenne ; collaboration avec le FLE/FLS

15-Evaluation des manuels proposés sur le marché depuis une décennie (enquête nationale auprès des professeurs) : respect des programmes littéraires (intégration des littérature européenne et francophone…), degré de fiabilité (en matière de méthodologie…).

Autres documents :
ANCMSP (Association nationale des candidats aux métiers de la science politique) ,
La recherche en SHS : ce que l’État sait déjà (2010)
http://ancmsp.com/La-recherche-en-SHS

Appel à promouvoir Français, Lettres, Langues, Arts, Philosophie, Sciences Humaines...(2007)
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article150


[1Le portail des IREM.
D’une manière générale, la France est probablement le pays occidental qui a le plus investi dans cette discipline.

[2Luc Ferry, Lettre à ceux qui aiment l’Ecole (SCEREN-CNDP, 2003) p.17-18

[3Voir la stratégie dite de Lisbonne, qui concerne la recherche (2000). Le processus de Bologne porte sur l’enseignement supérieur (1999).

[4Rapport Fourgous, Réussir l’école numérique (2010) commenté dans
L’Ecole à l’époque de son reconditionnement technologique de Florent Goujet, in
Ecole, la servitude au programme, p.19 (n°10, Ed la lenteur, 2010)

[5Marc Delepouve, Une société intoxiquée par les chiffres. Propositions pour sortir de la crise globale (Édition l’Harmattan, 2012)

[6Edgar Morin, Relier les connaissances, un défi du 21e siècle (Seuil, 1999).
P. 14-15 « Régénérer une culture humaniste laïque, laquelle permettrait d’armer intellectuellement les adolescents pour le 21e siècle. (…) Favoriser l’émergence de nouvelles humanités à partir des deux polarités complémentaire et non antagonistes, la culture scientifique et la culture humaniste. Ces humanités permettraient de se reconnaître humain et de reconnaître en autrui un être humain complexe (…) Une telle culture a pour mission d’affronter le grand défi de la complexité que lance le monde qui est et sera celui des nouvelles générations. »

[7Voir les programmes de l’Acsé/Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances www.lacse.fr/

[8Rapport thématique de la cour des comptes (mai 2010) « L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves »
Les Etats Généraux de la Sécurité à l’école - Les vidéos (2010)

[9Anne Berger, La loi dite LRU et le « modèle anglo-saxon » :
« Aux Etats-Unis, pays dont le système universitaire, certes inégalitaire, mais prestigieux et performant, est érigé en modèle par le gouvernement qui prétend fallacieusement s’en inspirer, l’abondante dotation privée des secteurs scientifiques et technologiques permet aux universités de maintenir un niveau décent de soutien à l’éducation et à la recherche dans le domaine des Humanités et des Sciences Humaines, grâce aux « bénéfices » dégagés du côté des sciences, des technologies, et de certaines filières qu’on appelle ici « professionnalisantes ». Encore faut-il juger nécessaire et pertinent le maintien d’un enseignement et d’une recherche en Sciences Humaines et Humanités ; encore faut-il aussi vouloir et pouvoir redistribuer les richesses reçues, produites ou accumulées au sein de l’université, afin que tous les domaines de savoir en tirent des bénéfices. Et c’est bien le cas dans le monde anglo-saxon. »

[10Lettres Classiques : interculturalité diachronique/historique (latin-grec, Europe)
Lettres Modernes : interculturalité synchronique/spatiale (régions historiques/DOM-TOM, Francophonie/Union Européenne).

[11Fondation Copernic (coordination Josiane Boutet), L’Education nationale en danger, p. 56-58 (Ed. Sypllepse, 2011)

[12Collectif national FLE-FLS (coordination Chantal Forestal), Livre blanc de la langue-culture française et de son enseignement en France et à l’étranger, p.3

[13Pierre Bourdieu, La domination masculine (Seuil, 1998)

[14Rapport de l’Inspection Générale de l’Education nationale (2006), Annie Mamecier (IGEN), Jean Moussa (IGEN), Renaud Nattiez (IGAENR). Christian Souchet (IG), Evaluation des mesures prises pour réévaluer la filière littéraire en lycée (2006) p.7.
«  Longtemps majoritaire, la série littéraire de l’enseignement secondaire (série L) a connu, durant les récentes décennies et singulièrement au cours des dernières années, une érosion marquée de ses effectifs. En quinze ans, ils ont baissé de 28% cependant que ceux de la série ES augmentaient de 18%, ceux de la série S de 4%.
En outre, ce recul quantitatif se double d’une dégradation qualitative : loin d’attirer les meilleurs éléments des classes de seconde, elle apparaît trop souvent comme un refuge pour des élèves en délicatesse avec les disciplines scientifiques et amenés là par défaut plutôt que par goût pour les enseignements littéraires. Un telle évolution n’est pas sans conséquence sur l’image de la série, dont la représentation a suivi la même pente déclinante que la statistique.
Les enjeux ne sont pas minces. Derrière le déclin de cette formation se profile en effet une autre menace, celle de voir disparaître un pan essentiel de notre tradition et de notre culture. Or ce patrimoine représente une certaine vision du monde, un mode d’expression original de l’expérience humaine. Plus simplement, il nourrit une approche intellectuelle profitable à un fonctionnement social équilibré –particulièrement utile dans un monde où l’information et la communication exercent un rôle décisif. »

[15Alain Boissinot, Les enjeux des disciplines, in Perspectives actuelles de l’enseignement du français, p.34 (Direction de l’enseignement scolaire, 2001)

[16Les programmes en français-Lettres en classe de 1ère L sont à peine différents de ceux des autres filières et il n’existe pas de manuel en classe de terminale L.

[17Si la pensée rationnelle propre à l’esprit scientifique spécialise les objets d’étude, la pensée analogique les unifie, ces deux démarches devant coexister.
Edgar Morin, La méthode (5- L’humanité de l’humanité) p. 112-113.
« Au sein de la pensée poétique ou mythologique, l’analogie établit, là où la logique disjoint, des liaisons et des identifications. C’est dans la pensée poétique et la pensée mythologique que l’analogie prend son essor…Le digital sépare ce qui est lié, l’analogie lie ce qui est séparé. Leur complémentarité permanente assure et féconde la connaissance. L’esprit humain, qui traite le séparable et le non-séparable, peut discerner les limites d’une connaissance uniquement consacrée au divisible et au séparable. »

[18AssociationCourriel" :http://www.courriel-languefrancaise.org/
Manifeste progressiste pour la défense de la langue française : http://www.defenselanguefrancaise.org
http://petition.hermespublishing.com Dans un appel à l’AERES (l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), plus de10 000 chercheurs français et francophones demandent à pouvoir publier dans leur propre langue, qui doit conserver son statut de langue scientifique internationale.

[19Ce film de Laurent Cantet, sur un scénario de François Bégaudeau, a bénéficié au départ d’une subvention de l’ ACSE, Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.
Il faut signaler un autre film emblématique de la période, La journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld (2009) également tourné dans une classe de collège en français, le protagoniste étant cette fois une femme professeure.

[21Yves Citton, L’avenir des humanités -économie de la connaissance ou culture de l’interprétation ? -(La Découverte, p. 8-177-178)