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Un milliard d’amputation budgétaire en un an pour l’Université et la Recherche - Groupe Jean-Pierre Vernant, 11 octobre 2015

mercredi 14 octobre 2015, par Hélène

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Quand l’analyse budgétaire permet de repérer nos ennemis

Cela fait un an que nous tentons, en vain, d’obtenir que la presse rende factuellement compte des baisses budgétaires dans le supérieur. Pour l’anecdote, la Cour des Comptes [1] prétend ne pas avoir réussi à mener cette analyse à bien du fait des sommets d’incompétence atteints par la DGESIP. La méthodologie en est pourtant simple. Il ne faut évidemment pas considérer l’enveloppe globale de l’Enseignement Supérieur et la Recherche, puisqu’elle recouvre des lignes budgétaires mouvantes mais ne regarder que le "programme 150" qui est celui correspondant au budget de l’Université et de la recherche universitaire (à l’exclusion des autres filières, du budget alloué à la recherche privée, des bourses étudiantes, etc). De la même manière, il faut considérer le budget sur une année roulante de sorte à prendre en compte les innombrables annulations de crédits qui l’émaillent, c’est-à-dire des crédits dûment votés par la représentation nationale, mais qui ne sont jamais versés.

Sur un an, on aboutit au décompte suivant :

- 230 M€ d’annulation de la "réserve de précaution" des Universités, qui devait financer le GVT, parmi les 560 M€ supprimés du budget ESR (projet de loi de finances rectificative, p. 79 et 81). Le Rapport n° 2408 de Mme Valérie Rabault annonce 666 M€ d’annulations sur un périmètre différent ;

- 123 M€ de suppression budgétaire au travers du modèle SYMPA, au titre de la "réorganisation du mode d’allocation des moyens des universités",au titre de la "modernisation et mutualisation du fonctionnement des opérateurs" p. 125 ;

- 90 M€ de "coup de rabot" de dernière minute, passé par l’amendement 267 du gouvernement ;

- 100 M€ de prélèvement sur les fonds de roulement ;

- 2400 M€ au Contrat de Plan Etat-Régions, qu’il convient de diviser par 5 pour obtenir la baisse annuelle.

La somme se fait aisément, qui conduit à la bagatelle de 1023 M€ en un an. Cela signifie que sur une année tournante, plus d’un milliard a été amputé au budget des universités et de la recherche universitaire.

Avoir ce montant en tête permet de poser un regard lucide sur le contre-feu allumé par les ennemis acharnés de l’Université, la sinistre CPU pour sa face officielle, et l’omniprésent groupe Marc Bloch pour sa face opaque et clanique. Par un renversement dont ils sont coutumiers, ces bureaucrates se font dépeindre en opposants dans la presse, mettant en scène de fausses victoires qui lèvent un écran de fumée devant le désastre permanent qu’ils engendrent. Le discours est aisément reconnaissable. Il ne s’agirait de financer que le coût d’un choc démographique imprévisible : 65 000 étudiants que personne, Ô surprise, ne s’attendait à voir s’inscrire à l’Université. Outre que cela constitue un aveu d’incompétence de la part des nuisibles dirigeants de la DGESIP, cet élément de langage est risible, puisque la hausse a été continue (30 000 en 2013 et 2014) et anticipable par quiconque sait lire (augmentation de 3,7 % du nombre d’admis au baccalauréat général). Nous disposons donc d’un moyen simple pour reconnaître nos ennemis : ils alternent le bavardage inepte avec le mensonge le plus franc.

Nous appelons à prendre part au mouvement #OccupyBercy contre le dépouillement et la dépossession à l’Université, le 16 octobre.

[1] Référé du 27 janvier 2015 : Ces derniers temps, c’est Mme Moati, promotion "Voltaire" de l’ENA, porte-flingue notoire de M. Hollande, qui s’est occupée de distiller l’habituelle propagande néo-libérale sur l’Université :

[6] AEF Dépêche n°507078

"Le vrai courage c’est, au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renoncer."

Groupe Jean-Pierre Vernant.