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Paris 8 est fort bien gérée - Pierre Dubois, Educpros, 10 juillet 2012

mardi 10 juillet 2012, par Clèves, princesse(s)

L’université de Paris 8 Vincennes Saint-Denis ne fera pas partie des universités qui risquent la cessation de paiement en décembre 2012. Paris 8 est fort bien gérée. C’est Pascal Binczak, né en 1969, agrégé de droit public, président sortant de l’université, qui le dit dans une lettre de 8 pages adressée à ses “chers collègues”, le 9 juillet 2012.

Lors de sa première élection à la présidence de Paris 8 en octobre 2006, Pascal Binczak a “découvert une université affectée par de graves désordres financiers, comptables et administratifs : écritures comptables irrégulières…, résultats déficitaires, absence de pilotage au niveau central, dysfonctionnement de certains services agissant en autarcie ou réfractaires à toute acculturation institutionnelle… autant de facteurs structurels et conjoncturels ayant favorisé l’accomplissement de nombreuses irrégularités, turpitudes auxquelles s’ajoutait un risque sérieux d’isolement et de stigmatisation”…

Pascal Binczak n’est pas tendre pour ses prédécesseurs, présidents de Paris 8 (photos). Pour Pierre Lunel en particulier qu’il a fait mettre en examen pour “détournement de fonds publics” et “complicité d’escroquerie par abus de qualité“. Pour en savoir plus, lire la chronique du blog “Lunel mis en examen“. Question : Pierre Lunel a-t-il été jugé et condamné ?

Aujourd’hui, tout va bien mieux à Paris 8 : nombreux chantiers menés à terme avec succès, “dans le seul but de satisfaire l’intérêt général”. Je me félicite de ce redressement aux multiples facettes. Il faut reconnaître à Pascal Binczak un coup de génie, décrit en haut de la page 3 : de 2007 à 2011, “une optimisation progressive des supports d’emplois aura permis de faire évoluer notre masse salariale de 80 millions environ à 90 millions environ, soit une augmentation d’environ 10 millions d’euros. Cette optimisation a eu notamment pour effet de faire évoluer le ratio PR/MCF de 0,33 à 0,5, soit une proportion de un PR pour deux MCF actuellement [taux observé nationalement] contre un PR pour trois MCF en 2006″.

“Depuis le 1er janvier 2012, lorsque a été transférée de manière stabilisée la masse salariale attribuée à l’établissement dans le cadre des responsabilités et compétences élargies (RCE), c’est donc surtout d’une masse salariale augmentée d’environ 10 millions d’euros dont peut désormais bénéficier annuellement Paris 8 pour ces prochaines années”. Je n’arrive pas à comprendre le raisonnement : ces 10 millions de plus ne servent-ils pas déjà à rémunérer les professeurs qui ont été recrutés entre 2007 et 2011 ?

Apparemment, Pascal Binczak a su utiliser l’opportunité d’un passage tardif aux RCE : obtenir 10 millions de plus par an. Intéressant d’observer que le ministère ait accepté sans broncher un tel subterfuge. Mais est-ce réellement un coup de génie ? L’université subira, comme les autres universités, les effets du glissement vieillesse technicité (GVT). L’impact du GVT sera d’ailleurs à Paris 8 plus important qu’ailleurs : les professeurs, recrutés entre 2007 et 2011, l’ont été dans la fourchette basse de la grille indiciaire ; les promotions à l’ancienneté et au choix sont donc devant eux. Dur, dur pour la nouvelle équipe présidentielle !

Le dernier paragraphe de la lettre du président Binczak comporte une phrase fort indigne : “la nouvelle direction de notre université saura maintenir le cap, faire face à l’adversité et défendre le fonctionnement démocratique de notre institution, ainsi que les valeurs et principes du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, menacés par tous les faux prophètes, les calomniateurs ou imposteurs en tout genre. symbolisant la défaite de ces derniers, l’élection à la présidence de Danielle Tartakowsky est d’abord la victoire de ces valeurs et de ces principes”… Qui est visé par ces graves accusations ? Des noms, des noms ! Sont-ce là des propos dignes de la démocratie ?

À lire ici dans Educpros