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Quand le loto des Idex finance la (future ?) campagne de Sarkozy - H. Audier, Educpros, 4 juillet 2014

vendredi 4 juillet 2014, par Mille Tons et Free Man

À lire ici.

La conférence récente de Nicolas Sarkozy à Monaco, payée 100 000 euros ( selon Nice Matin) pour une heure par le cabinet-conseil Deloitte, pose plus que quelques problèmes déontologiques.

Dans un article intitulé « Quels sont les cinq cabinets-conseils qui vont gagner aux Initiatives d’excellence (Idex) ? » , nous écrivions « Nous n’entendons pas ici discuter du bien fondé de l’appel à des cabinets-conseils privés de la part des établissements (…) Autre chose est le recours à des cabinets-conseils dans le cadre d’une procédure de concours, comme c’est le cas des appels d’offre pour les Initiatives d’excellence. Or, il suffit de lire les réponses à l’appel d’offre gouvernemental pour se rendre compte, du fait de leur présentation, de leur langage, de la façon narcissique de se décrire, du gargarisme omniprésent sur l’excellence, de la conformité aux idées du temps …, que pratiquement tous ces documents ont été écrits (re-écrits) par des cabinets-conseils.

En quoi cela est-il grave ? D’abord cela coûte très cher, surtout pour ceux qui vont perdre. A titre d’exemple, le projet d’Idex de Toulouse a coûté 400 000 euros et … il y a une vingtaine de candidats pour « 5 à 10 » éligibles. A quoi il faut ajouter quelques centaines de demandes de Labex, d’Equipex, de Cohortes ou autres, même si le coût de chaque projet peut varier ou si certains ont été rédigés sans cet appel extérieur ».

Le Monde, confirme. « L’autonomie des universités et le grand emprunt ont accéléré le recours aux cabinets de conseil. Ils y sont presque tous. Deloitte, Ernst & Young, Eurogroup, Bearing Point, Kurt Salmon, mais aussi McKinsey, Algoé ou Alcimed… En quelques années, les cabinets de conseil ont multiplié les interventions pour les universités. Alors que le jury international des initiatives d’excellence (IDEX) – appel d’offres des investissements d’avenir doté de 7,7 milliards d’euros – auditionne, jusqu’à vendredi 18 mars, les dix-sept projets, rares sont ceux qui ont été rédigés par des universitaires seuls. (…) De la définition de stratégie à la rédaction de projets, les prestations facturées par les diverses sociétés oscillent de quelques dizaines de milliers d’euros à 300 000 euros. (…) Deloitte a ainsi assisté les trois universités strasbourgeoises ou les deux écoles normales supérieures lyonnaises ».

C’est pourquoi, la conférence récente de Nicolas Sarkozy, payée 100 000 euros pour une heure par le cabinet-conseil Deloitte, pose problème. Bien entendu, toute entreprise a le droit d’investir dans la formation permanente de ses cadres fut-ce sous forme de conférences de gens compétents. Mais d’après le Nouvel Observateur, c’est de tout autre chose qu’il s’agit.

« Nicolas Sarkozy ne parle toujours pas de notre pays, mais simplement de lui, ressassant ses frustrations et son mépris pour tous ceux qui gouvernent encore aujourd’hui (…). L’ancien président est non seulement payé comme une star, à peu près comme ses anciens et prestigieux collègues qui monnaient leur expertise à prix d’or, les Clinton DSK et autres Schröder. Mais au lieu de réaliser comme eux des conférences à la fois denses et structurées à force d’expérience et d’expertise, il se contente de parler de lui et, comme vient de le confirmer Hillary Clinton, de multiplier les commérages les plus grossiers. »

Le problème posé ici n’est pas le détail d’une conférence isolée (le seul Sarkozy en a donné quelques dizaines) mais d’un système qui permet au travers de financements de mini conférences de détourner de l’argent des entreprises et de financer des politiques, à charge de revanche ? Margaret Thatcher, que Sarkozy aime tant, en avait fait son magot électoral !

De deux choses l’une. Ou bien Deloitte a invité Sarkozy pour le remercier des commandes de l’Etat ou, pire, pour anticiper l’alternance : il y a alors corruption. Ou bien Deloitte a financé un copain : il y a alors abus de biens sociaux. De toutes façons il est temps de savoir comment on fiscalise ces blablateries : faire en sorte qu’il reste à l’impétrant, après impôt, l’équivalent d’une heure supplémentaire dans l’enseignement supérieur serait déjà pas mal !