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La Fac d’Evry se mobilise contre l’expulsion d’un étudiant - Laurane Sirenko, Essonne Info, 16 février 2015

mardi 17 février 2015, par de l’Intérieur, ministre

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Étudiant à la Faculté d’Evry, le jeune Algérien Khirreddine Kati a jusqu’au 28 février pour quitter le territoire français, sur ordre de la préfecture de Bobigny. Ses amis ainsi que le nouveau président de l’université, Patrick Curmi, se mobilisent pour empêcher son départ.

Voilà maintenant trois ans que Khirreddine Kati, diplômé d’un master en biologie en Algérie, s’est installé en France. Après avoir cumulé les autorisations de travail sur le territoire et écumé les scènes musicales de plusieurs grandes villes entre 2008 et 2012, le jeune musicien prodige envisage finalement de faire ses gammes au sein d’une université française…

Rentrée 2012, Khirreddine entame une procédure de demande de visa étudiant auprès de la préfecture de Bobigny et s’inscrit à l’université d’Evry (UEVE), en première année de musicologie. En dépit d’une L1 aux résultats mitigés, Khirreddine fait ses preuves et remplit la condition la plus importante quant à l’obtention de son visa : valider sa première année. Mais le temps passe et le jeune homme ne reçoit toujours aucune réponse de la préfecture de Bobigny. Jusqu’au jour où, le 26 janvier 2015, alors qu’il vient de terminer le premier semestre de sa troisième année, Khirreddine reçoit une obligation de quitter le territoire français sous 30 jours.
Un soutien sans faille

Depuis le début de ce mois de février, c’est toute la communauté étudiante puis enseignante de l’UEVE qui se mobilise pour dire « non », « non » à l’expulsion d’un ami, d’un camarade de classe ou encore d’un élève. Mélody et Nathan, deux amis de « celui qui joue comme il respire », ont alors créé le mercredi 4 février un comité de soutien afin d’aider le jeune prodige de la musique dans ses démarches. « C’est une triste réalité, mais il faut se battre pour que ces personnes-là puissent rester », s’indigne Nathan, dans la même promo que Khirreddine. « Contraindre un étudiant sur le point de terminer sa dernière année d’études à quitter le territoire, c’est totalement inadmissible et injuste », renchérit Mélody, étudiante en Master de musicologie. Très vite, le comité reçoit le soutien de Philippe Pascot, directeur de la Halle du Rock à Evry. « Il nous a beaucoup aiguillé sur les démarches à suivre, la création d’une page Facebook, la mise en place d’une pétition, etc ». Pétition d’ores et déjà signée par plus de 900 personnes depuis sa mise en ligne, le vendredi 6 février.

Quelques jours plus tard, le vendredi 13 février dernier, jour de chance, c’est le président de la Fac d’Evry, Patrick Curmi, qui leur apporte son soutien. « J’ai écrit une lettre au préfet de Seine-Saint-Denis pour plaider la cause de cet étudiant », avance le nouveau président fraîchement élu à la direction de l’Université depuis le 27 janvier dernier. Aux yeux de Patrick Curmi, l’étudiant mérite de rester. « Il est intégré au niveau de ses études, il a de la famille en Seine-Saint-Denis et il participe à la vie de l’Université », déclare-t-il. Mercredi 18 février prochain, le président de l’UEVE a d’ores et déjà prévu de s’entretenir avec le préfet afin de s’enquérir de l’évolution de la situation. Pour Mélody et Nathan, cet appui est de taille : « Un soutien tel que le sien nous apporte une certaine légitimité en temps que comité de soutien. Ça va nous permettre d’aller plus loin dans les démarches administratives, d’avancer », se réjouit Mélody.

Pour le moment, le sort de Khirreddine reste incertain. Seul subsiste l’espoir d’un recours en justice déposé par son avocat. Mais quoi qu’il arrive, Mélody et toute la communauté de l’UEVE n’en démordront pas, « Khirreddine a sa place ici ».