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Appel de SLU aux étudiants (26 octobre 2008)

dimanche 26 octobre 2008, par Laurence

[|Non à la masterisation des concours !|]

Qu’est-ce que la masterisation des concours de recrutement des enseignants ?

La masterisation consiste à intégrer la préparation et les épreuves des concours de recrutement des enseignants de l’enseignement primaire (professeurs des écoles) et du secondaire (CAPES) dans un diplôme universitaire, le master. Le gouvernement veut que cette réforme entre en vigueur [*dès l’année universitaire 2009/2010.*]

Le calendrier de recrutement sera modifié : admissibilité en janvier de l’année de M2, stage (non rémunéré) au cours du 2e semestre, admission en juin, prise de fonction à plein temps en septembre.

Quels seraient, selon le gouvernement, les avantages de cette réforme ?

• Sanctionner la formation en IUFM par un diplôme, le master, de manière à faciliter les reconversions vers d’autres métiers, notamment en cas d’échec au concours (que cet échec soit dû à un niveau insuffisant ou à la diminution du nombre de places offertes) ;

• Amener le niveau des professeurs des écoles et les titulaires du CAPES de Bac+3 à Bac+5, ce qui leur vaudrait une rémunération supérieure ;

• Améliorer la formation des enseignants grâce à l’allongement de leurs études, ce qui leur permettrait de mieux affronter les difficultés du métier,

• En cas de régionalisation des concours, affecter les jeunes enseignants près de chez eux.

Il faut dénoncer ces contrevérités :

• Les professeurs des écoles et du second degré suivent déjà au moins 5 années d’études et de formation avant d’être titularisés. Il n’y a donc aucun allongement réel. En revanche, les futurs enseignants devront [*attendre un an de plus avant d’être payés*] (5 ans après le Bac au lieu de 4) ! Les étudiants socialement défavorisés seront donc les premières victimes de cette réforme… Quant à la revalorisation des traitements promise, elle ne concernera que les débuts de carrière et elle n’a jamais fait l’objet d’un chiffrage précis.

• Le projet prévoit[* la suppression de l’année de stage*] ; les jeunes recrutés [*enseigneront donc à plein temps dès leur première rentrée*], sans autre formation qu’un stage en 2e semestre de M2 et sans autre soutien qu’un vague « compagnonnage ». Cette disposition permettra au ministère d’[*économiser 15.000 postes*] ; ce sont autant qui ne seront pas offerts aux étudiants.

• Le ministère annonce que [*les programmes*] du CAPES seront ceux de [*l’enseignement secondaire*] et que le niveau exigé des candidats sera celui de [*la licence*]. Les épreuves porteront surtout sur la [*didactique*] et la « connaissance du système éducatif ». La [*bivalence*] devrait devenir la règle. Par conséquent, il y aura [*une diminution des compétences*] des futurs enseignants, qui seront encore moins bien armés qu’aujourd’hui pour un métier difficile. La part des chefs d’établissement et des inspecteurs dans l’évaluation des enseignants sera renforcée, au détriment des libertés académiques.

La masterisation participera au démantèlement du service public :

• La masterisation est [*inséparable de la réforme du lycée*] qui entrera en vigueur à la rentrée 2009 : réduction du volume horaire des enseignements, semestrialisation et modularisation qui rendront la plupart des disciplines optionnelles, ce qui permettra de les supprimer peu à peu. Toutes ces mesures n’ont qu’un but : réduire le nombre d’enseignants pour faire des économies budgétaires (35.000 suppressions de postes dans l’Education nationale entre 2007 et 2009, donc autant d’opportunités de recrutement en moins pour les jeunes) et favoriser les cours privés.

• Dans le système actuel, la réussite au concours donnait automatiquement droit à un poste de fonctionnaire. Avec la masterisation, il sera possible de [*réussir son master tout en échouant au concours de recrutement*]. Ces « [*reçus–collés*] » viendront grossir considérablement le nombre des enseignants [*précaires,*] recrutés directement par les chefs d’établissements, pour occuper des emplois de contractuels (CDD de 10 mois avec 24 h de cours hebdomadaires), ou de [*vacataires*] (chassés des établissements sans droit au chômage après avoir effectué 200 h d’enseignement).

• Avec la [*réduction du nombre de places au concours*], le nombre de salariés précaires finira par dépasser celui des fonctionnaires dont le statut apparaîtra comme un anachronisme destiné à disparaître, comme cela s’est déjà produit à La Poste ou à France Télécom.

• Dans l’intervalle, un [*recrutement régional*] permettrait de faire glisser les enseignants dans la fonction publique territoriale, où la réussite au concours ne donne pas forcément droit à un emploi.

La masterisation, une catastrophe pour l’université et les étudiants :

• Annoncée en juin 2008, la masterisation est censée s’appliquer dès septembre 2009. Les équipes universitaires sont sommées par le ministère de rendre leurs nouvelles maquettes de masters dès novembre 2008, alors que la lettre de cadrage n’est parue que le 17 octobre ! Cette précipitation est une source d’angoisse pour les étudiants comme pour les enseignants. Elle ne permet bien évidemment pas de préparer sereinement l’avenir. Mais elle a [*un but politique clair*] : empêcher toute contestation et développer la concurrence entre établissements et entre collègues.

• L’une des conséquences de cette concurrence sera de [*rendre illisible pour les étudiants l’offre de formations*], puisque chaque master sera différent. Au sein d’une même université, un étudiant pourra se voir proposer des masters disciplinaires avec un parcours « enseignement » et un master « enseignement » piloté par l’IUFM. Il y aura aussi des licences « professeurs des écoles » en concurrence avec les licences classiques. Comment choisir ?

• À moyen terme, [*les masters « enseignement » viendront concurrencer les masters « recherche »*], surtout au cours du M2 qui sera occupé pour les futurs enseignants par un 1er semestre de bachotage et un 2e de stage. Il sera donc possible de [*fermer de nombreuses formations*] (licences, masters et doctorats) dans les universités petites et moyennes. Le gouvernement pourra alors [*redessiner la carte universitaire*], avec 10 ou 12 grosses universités concentrées à Paris et dans quelques grandes agglomérations, le reste du territoire devant se contenter de simples « collèges universitaires » délivrant des licences pluridisciplinaires et des masters « professionnels ». [*Les étudiants socialement défavorisés seront donc exclus d’une grande partie de l’offre de formation.*]

Que faire ?

Face à une telle attaque, les enseignants-chercheurs des universités se mobilisent. Les conseils d’administration des universités de Paris-4, Paris-3, Bordeaux-3, Saint-Étienne et Caen, d’autres conseils, des départements, des AG et des sociétés savantes ont voté des motions à ce sujet.

Le collectif de personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur "Sauvons l’université !", fondé en novembre 2007 pour protester contre la loi LRU, [*appelle à un moratoire*] permettant l’ouverture d’une vraie négociation sur la réforme des concours avec tous les acteurs concernés, sans aucun préalable (notamment la masterisation), et exige que [*les concours de 2010 se tiennent dans les conditions de 2009.*]

Pour lire l’analyse détaillée d’ALexis Grélois pour SLU

Pour accéder au site de SLU et lire le dossier sur la mastérisation.

Pour écrire à SLU : postmaster@sauvonsluniversite.com