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La galère du vacataire - Dicensus, mars 2019

mardi 5 mars 2019, par Mademoiselle de Scudéry

Dicensus est un Groupe de Défense et d’Information des Chercheurs et Enseignants Non-Statutaires de l’Université de Strasbourg.

Épisode 1 : le contrat


Premier épisode de notre série de témoignages. Merci à celles et ceux qui ont témoigné. Par souci d’anonymisation l’UFR d’origine n’est pas mentionnée, mais parmi celles qui sont souvent revenues : Arts, Sport, Langues, Histoire, Sciences Sociales, Sciences Po et l’ESPE.
Parmi les nombreux retours que nous avons reçus des vacataires de Université de Strasbourg, beaucoup portent sur les retards importants dans la signature du contrat, parfois même conclu après la fin des enseignements.

Épisode 2 : le délai de paiement.


La circulaire ministérielle n°2017-078 enjoint les universités à payer mensuellement les vacataires.

Épisode 3 : une activité "secondaire".


Depuis le 1er janvier 2019, l’heure de vacation est payée 14 centimes de moins que le SMIC. Une heure équivalent TD, payée 41,41€ brut, équivaut à 4,185 heures de travail effectif d’après les textes de loi, ce qui représente 9,89€ bruts par heure de travail effectif, soit 14 centimes au-dessous du SMIC. Merci à l’Ancmsp pour ce calcul.

Épisode 4 : l’incertitude.


Rappelons qu’entre 2011 et 2017, le nombre d’enseignants titulaires est passé de 1901 à 1793 à l’Université de Strasbourg (-6%). Dans le même temps, les effectifs étudiants sont passés de 42500 à 50000 (+15%). La chute des recrutements permanents est compensée par le recours massif aux vacataires.

Épisode 5 : la thèse aux oubliettes.


Rappelons que dans le même temps l’Université de Strasbourg met une pression énorme sur les directions d’Ecole Doctorale pour forcer les doctorant-e-s à soutenir dans des délais de plus en plus courts. Tout cela non pour des motifs scientifiques, mais pour satisfaire les indicateurs du Ministère et ceux des classements internationaux, au mépris de l’autonomie scientifique de chaque discipline. Une pression équivalente pour améliorer les conditions de travail, avec des contrats doctoraux pour toutes/tous les doctorant-e-s (un tiers seulement en bénéficie en SHS), serait sans nul doute plus efficace.

Épisode 6 : le bénévolat.


La surveillance des examens, la correction des copies, la participation aux réunions pédagogiques ne sont pas rémunérées pour les vacataires.

Épisode 7 : les clopinettes.


Le statut de vacataire ne donne le droit à aucun congé payé ou congé maladie. L’université n’est pas non plus tenue de prendre en charge à 50% les frais de déplacement.

Épisode 8 : le dégoût de l’institution.

Épisode 9 : la discrimination des pauvres.

Épisode 10 : Travailler plus pour enseigner plus.


A ce jour, les vacataires peuvent enseigner au maximum 96 heures équivalent TD par an, sauf dérogation exceptionnelle. La Présidence de l’Université de Strasbourg souhaite soumettre au prochain Conseil d’administration du 12 mars le doublement de ce plafond à 192 heures.
Soit exactement le même service annuel qu’un Maître de Conférences mais avec un salaire de moins de 8000 euros par an, c’est-à-dire en étant trois fois moins payé pour le même travail. Sans compter tous les autres problèmes liés au statut de vacataire (contrat, mensualisation, droits sociaux, etc.) exposés dans ce fil de témoignages.

Épisode 11 : l’armée de réserve.


En 2015-2016, une enquête menée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche, et de l’Innovation auprès des trois quarts des établissements du supérieur en France indique ces derniers employaient 110 088 vacataires. [1]
L’Ancmsp calcule en outre que "toutes disciplines, on estime le nombre de vacataires effectuant plus de 96 heures équivalent TD (hETD) à environ 17400. [...] Comme certain·e·s font plus de 96h, on peut dire que cela représente grand minimum 8700 postes d’EC à temps plein. Une estimation légèrement plus poussée, estimant le nombre d’heures effectuées au-delà de 96 hETD, arriverait au chiffre de 13000 postes d’EC manquants, soit 20% du nombre d’EC titulaires actuel." [2]

Épisode 12 : Pôle Emploi.

Épisode 13 : L’embarras.


Ce témoignage nous dit deux choses. D’abord, que les problèmes du statut de vacataire ne conduisent pas toujours à des situations dramatiques ou catastrophiques. Cependant, elle entraîne toute une série de tracas, un "embarras" comme le dit la personne, indignes de l’université et qui ne seraient pas tolérés dans de nombreux autres milieux professionnels. Pour résoudre aussi bien les situations catastrophiques que celles embarrassantes, il faut améliorer les conditions de travail des vacataires.
Ensuite, ce témoignage pointe le déficit chronique de fonctionnaires dans l’administration des UFR. Bien souvent, une seule personne se trouve en charge dans les composantes de traiter des dizaines voire des centaines de dossier de vacations. Si on ne fait rien (recruter des fonctionnaires et enseignants titulaires, par exemple), nul doute que l’ Université de Strasbourg aura bientôt recours aux vacataires administratifs pour traiter les dossiers des enseignants vacataires...


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