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Cour des comptes : zéro pointé à la mastérisation - V. Soulé, Libération, 9 février 2012

vendredi 10 février 2012

Une réforme plus coûteuse que prévu, des enseignants débutants moins bien préparés à affronter des élèves, et des difficultés de plus en plus grandes à recruter des profs… Dans son rapport annuel publié hier (lire pages 14 et 15), la Cour des comptes dresse un bilan sans appel de la mastérisation, la contestée réforme de la formation des enseignants mise en place à la rentrée 2010. Rejoignant la plupart des critiques, la cour dénonce une application précipitée de la réforme, par souci d’économie.

Grâce à la suppression de l’année de formation en alternance des profs débutants, désormais affectés directement à temps complet dans des classes, la réforme a permis de supprimer 9 567 emplois, soit une économie de 370 millions d’euros. Mais selon la cour, l’économie est bien moindre : les profs doivent désormais avoir un master - au lieu d’une licence - et, selon la cour, il faut compter « le coût pour le système universitaire de l’allongement des études ». Il y a aussi « le coût de la réorientation » des étudiants des nouveaux masters « métiers de l’enseignement », dont trois quarts échouent aux concours auxquels ils préparent et qui doivent rebondir ailleurs.

Sur la qualité de la formation, le constat n’est pas plus encourageant. En dépit des promesses de stages, à la rentrée 2010, plus de 70% des profs débutants ont débarqué dans les classes « sans aucune expérience de l’enseignement ». Avec la réforme, ils doivent se former essentiellement sur le terrain sous la houlette de tuteurs, des collègues chevronnés. Or, près du quart des débutants ont eu des tuteurs dans un autre établissement… Contrairement aux recommandations officielles, des jeunes profs se sont aussi retrouvés dans des écoles en ZEP, à cheval sur plusieurs établissements dans le secondaire, avec des classes de plus de trois niveaux différents, ou encore contraints de faire des heures supplémentaires.

Pour éviter ces dérives, le rapport recommande d’instaurer « des durées minimales de formation des étudiants en milieu professionnel », de créer des concours avant ou au tout début du master (afin que les recalés puissent tout de suite changer de filière) et de réduire les heures d’enseignement des profs débutants. On comprend mieux pourquoi la quasi-totalité des candidats à la présidentielle promettent de revenir sur cette réforme et de revoir de fond en comble la formation des enseignants.

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