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"Universités : la grève continue, manifestations le 19 février", par Sylvestre Huet, Libéblog, Sciences², 11 février 2009

mercredi 11 février 2009, par Elie

Pour lire cet article sur le blog de Sylvestre Huet.

La Coordination nationale des universités vient d’annoncer le programme : grève reconduite et une série de manifestations.

Dès demain au siège du Cnrs à Paris ; vendredi avec des cérémonies de non-remise symbolique des maquettes des masters dans les rectorats et au ministère ; mardi 17 février avec une opération massive d’information de la population (distribution de tracts dans les gares...) et une journée nationale de manifestations le jeudi 19 février. Enfin, les délégués ont envisagé d’organiser une manifestation nationale des personnels éducatifs fin février ou début mars.

J’arrive de Saint Denis où se sont réunis les délégués d’Assemblées générales en coordination nationale : 79 établissements d’enseignement supérieur y étaient représentés, dont 67 universités. Les délégations comportaient cette fois-ci des étudiants, même si ces derniers devraient organiser rapidement leur propre coordination nationale, peut être à Rennes.

Dans une ambiance tendue, marquée par la réussite de la journée de manifestations d’hier, les discussions ont surtout tourné autour des revendications à mettre en avant.
D’emblée, il est en effet apparu que le mouvement de contestation, bien loin de s’enliser, allait plutôt en s’élargissant. La détermination des universitaires demeure très élevée. De nombreux laboratoires sont entrés en action. Les étudiants sont présents par milliers dans les A-G. Ce mouvement « est encore à son début », explique un membre du bureau de la coordination qui prédit « il y aura encore plus de gens dans les rues la prochaine fois ».

Les prises de positions publiques de Présidents d’Université, l’Appel de la Sorbonne, les critiques sévères du discours de Nicolas Sarkozy le 22 janvier, émises par l’Académie des Sciences, des sociétés savantes, des membres de l’Institut Universitaire de France... laissent en outre penser que le discrédit qui pèse sur sa parole s’est très largement répandu dans les milieu universitaire et scientifiques, nourissant un sentiment de colère, d’une atteinte à leur dignité qui complique pour le moins la tâche de Valérie Pécresse.

Les textes votés constituent une base solide de revendications, même si la discussion n’a pas évité les habituelles dérives « agistes » - on peut même dire que les universitaires ne sont pas plus efficaces que les étudiants de ce point de vue. Mais l’intéresssant, c’est de noter qu’en sortant, le même mathématicien de Paris-6 qui ronchonne contre les « surenchères gauchistes » se prépare néanmoins à aller « mobiliser » ses confrères informaticiens qui ne se bougent pas assez à son goût. Autrement dit, chacun à l’intelligence de comprendre que c’est bien l’unité d’un mouvement divers qui fait sa force. Et même d’éventuelles divergences d’analyses sur les causes du mal n’empêchent pas d’agir ensemble.

Extraits des textes :

« la coordination condamne la mise en place d’une politique d’affaiblissement structurel de l’enseignement et de la recherche, la précarisation des personnels de toutes catégories, enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs BIATOSS et ITA, notamment au travers des l’individualisation des carrières, de la mise en place du nouveau contrat doctoral et des suppressions d’emplois. Cette politique menace les conditions de vie, la formation et l’avenir des étudiants. La coordination nationale constate que toutes ces contre-réformes résultent de la loi LRU et du Pacte sur la Recherche. En conséquence elle demande en urgence que la communauté universitaire et le monde de la recherche soient consultés sur une nouvelle loi garantissant démocratie, collégialité, indépendance, liberté et égalité entre les universités et les domaines de recherche, car l’Université n’est pas une entreprise et le Savoir n’est pas une marchandise. Elle exige le rétablissement des postes supprimés, un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires dans les universités et les grands organismes de recherche, dont elle refuse le démantèlement.

Elle constate que les ministères n’ont toujours pas retiré la réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants du premier et du second degrés ; le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs. »