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Les étudiants étrangers rejoignent la lutte des sans-papiers contre Guéant - V. Soulé, Libération, 6 décembre 2011

vendredi 9 décembre 2011, par Mariannick

« Ce gouvernement a réussi à unir des étudiants de master 2 et des gens qui nettoient les bureaux. Il fallait quand même le faire ! » Raymond Chauveau, de la CGT, a rendu hier cet hommage paradoxal au ministre de l’Intérieur, Claude Guéant. Grâce à sa circulaire restreignant les possibilités de travail des diplômés étrangers, il a amené des étudiants internationaux, tout prêts à servir la mondialisation et les entreprises du CAC 40, à rejoindre la lutte des travailleurs sans papiers, généralement relégués tout en bas de l’échelle sociale.

Douze organisations - des syndicats comme la CGT, la FSU et l’Unef, et des associations comme SOS Racisme, Réseau Éducation sans frontières ou la Cimade - donnaient hier une conférence de presse sur la terrasse, chauffée, du restaurant la Grande Armée, à deux pas de l’Arc de triomphe. Un lieu très symbolique où, le 13 février 2008, la CGT avait lancé son combat pour la régularisation des sans-papiers. Le syndicat avait alors occupé les lieux, réclamant la régularisation de 9 cuisiniers, ce qu’il avait obtenu au bout de huit jours. « On revient sur les lieux du crime… » ironisait un syndicaliste.

Déferlement. Les organisations ont annoncé la création d’une plateforme commune exigeant « la régularisation des travailleurs sans papiers et l’égalité de traitement entre Français et étrangers dans les études comme au travail ».« Nous avons commencé à nous battre il y a trois ans, et nous avons déjà obtenu pas mal, avec 5 000 personnes régularisées ou en voie de l’être, a expliqué Francine Blanche, de la direction confédérale de la CGT.Ce n’est pas normal qu’un migrant gagne moins qu’un Français à qualification égale ou que les étudiants étrangers n’aient pas les mêmes droits que les Français. Et ce n’est pas parce que la présidentielle approche qu’on va se taire. »

Les organisations ont fustigé les discours officiels, particulièrement ceux de Claude Guéant, voulant faire croire que l’on assiste à un déferlement d’étrangers venus voler le travail des Français et toucher les aides sociales, et donc largement responsables à ce titre de la montée du chômage et de la crise en général. Elles ont aussi dénoncé la « façon indigne » dont les étrangers sont traités dans les préfectures, et ont démonté la critique, courante au sein de la droite, selon laquelle en soutenant les étrangers on fait le jeu de l’extrême droite.

« Comme nous ne sommes plus étudiants, nous ne touchons plus nos bourses. Mais, comme nous n’obtenons pas nos papiers, les entreprises qui viennent de nous recruter nous licencient ou alors elles renoncent à nous embaucher. Et nous en sommes réduits à dormir sur des canapés chez des amis. » Hajer Gorgi, une Tunisienne de 24 ans, diplômée de l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae), attend elle-même depuis trois mois une réponse à sa demande de changement de statut - d’étudiante à salariée -, avec une promesse d’embauche en poche. Son amie Zineb, présente à la conférence de presse, ingénieure des Mines, vient de recevoir un refus. Hajer a dû s’improviser porte-parole du Collectif du 31 mai, créé pour défendre les jeunes diplômés touchés par la « circulaire Guéant » du 31 mai, après le départ de Nabil Sebti, un diplômé d’HEC, qui a rejoint le Maroc dimanche totalement désabusé par la façon dont la France traite les étudiants internationaux.

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