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Trois universités prestigieuses au bord de la désunion - Les échos - Marie-Christine Corbier - 06/07

L’université Paris II Panthéon Assas menace de claquer la porte du PRES. Paris VI et Paris IV s’activent pour trouver un nouveau président.

lundi 8 juillet 2013

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C’est un combat de titans qui fait désordre dans le contexte actuel. Les trois plus prestigieuses universités de droit (Paris II), de sciences (Paris VI) et de lettres (Paris IV) de France sont au bord de la désunion. Paris II Panthéon Sorbonne menace de quitter Sorbonne Universités, le pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) qui a scellé en 2010 leur union, et celle d’autres établissements partenaires. Et ce, alors même que les députés doivent voter définitivement, lundi, la loi Fioraso dont l’objet est précisément... d’accélérer le regroupement des universités.

Les juristes de Paris II Panthéon-Assas menacent de claquer la porte du PRES, au motif que leurs partenaires scientifiques de l’université Pierre et Marie Curie (UPMC) - Paris VI - empiètent sur leurs compétences et que les littéraires de l’université Paris-Sorbonne (Paris IV) soutiennent Paris VI. Les désaccords ont éclaté au grand jour mi-juin, lorsque le conseil d’administration de l’université Paris II a donné mandat à son président, Guillaume Leyte, pour rechercher « de nouveaux partenariats avec d’autres universités et établissements ». Et l’a habilité « à exercer le droit de retrait » du PRES.

Mépris

Depuis, Guillaume Leyte, qui évoque un « risque de marginalisation » de la petite université qu’est Paris II face au poids lourd qu’est Paris VI, cherche de nouveaux partenaires. « Si nous trouvons ces partenaires, nous sortirons du PRES », confie-t-il. Paris II redoute « la menace que fait peser la future loi qui ne permet plus d’avoir des formes souples de coopération interuniversitaire. » Sur cela se greffent d’autres craintes qu’un enseignant de Paris II exprime ainsi : «  ça chauffe terriblement au sein du PRES, la base est très remontée, on ne veut plus se faire dominer par Paris VI, tempête-t-il. Les scientifiques se sentent les dépositaires de l’université moderne. Ils considèrent que les juristes ne sont pas intéressants parce qu’ils n’apportent pas de brevet... »

Paris II « n’est pas méprisé à l’intérieur du PRES », rétorque le président de Paris IV, Barthélémy Jobert, en encourageant Paris II à rester dans le PRES. « Je ne suis pas sûr que Paris II trouve dans les autres groupements parisiens une attitude aussi accueillante que celle de Sorbonne Université », affirme-t-il. «  On tient beaucoup à ce que Paris II reste avec nous, ajoute le président de Paris VI, Jean Chambaz. Nous sommes conscients de ce qu’elle nous amène et de ce que nous pouvons lui amener ».

Président qui ferait consensus

Jean Chambaz, rassurant, préfère insister sur « ce qui fonctionne ». Et notamment sur «  la mise en œuvre concrète des opérations de l’initiative d’excellence », où selon lui « tout va bien ». Le regroupement Sorbonne Universités avait obtenu un Idex, baptisé « Super », en 2012. « Plus que le PRES en tant que tel - dont la loi à venir promet la disparition au profit d’autres formes de regroupement d’universités -, c’est l’Idex qui pose problème, juge Guillaume Leyte. Car l’Etat, qui a versé des sommes importantes via cet Idex, attend que les universités remplissent leurs obligations ». L’Idex, ce sont des laboratoires et des formations en commun. Juridiquement, l’Idex n’empêche pas le départ de Paris II, mais compliquerait la donne.

Pour l’heure, les uns et les autres s’activent pour trouver un président au PRES qui ferait consensus et mettrait tout le monde d’accord. Tous reconnaissent que la situation s’est dégradée lorsque l’ancien président de Paris II Louis Vogel a quitté la direction du PRES - aujourd’hui vacante -, à l’automne dernier, pour postuler à Sciences Po. Tous aussi sont d’accord sur une chose : les inquiétudes que fait peser la future loi sur l’autonomie des établissements dans les futures structures de regroupement. « Dans tous les PRES, il y a des tensions », conclut une bonne source. Tandis qu’au cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, on assure « ne pas ressentir cette tension, la logique étant d’accompagner les universités sur le terrain ».