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Entrée à l’université : les prérequis au cœur de la négociation - Camille Stromboni, "Le Monde", 11 septembre 2017

lundi 11 septembre 2017, par Andy Capp

Le débat sur les futures règles d’accès à l’université s’ouvre, avec déjà d’importantes oppositions. Obligatoires, facultatives, nationales, locales… les configurations sont nombreuses.

Entre les milliers de bacheliers encore en attente d’une place dans l’enseignement supérieur et les premiers jours difficiles des universités, submergées par un afflux d’étudiants toujours plus nombreux, les sujets d’inquiétude ne manquent pas en cette rentrée universitaire. Un autre dossier, qui ne concerne pourtant que l’année 2018, devrait lui aussi être explosif : la grande réforme promise à l’entrée de l’université, avec derrière l’épineuse question de la sélection.

La négociation lancée par le gouvernement avec la communauté universitaire passe à la vitesse supérieure ce lundi 11 septembre, avec les premières réunions des groupes de travail qui rendront leurs propositions à la fin du mois d’octobre. L’un va plancher sur cette question cruciale de l’accès au premier cycle de l’enseignement supérieur.

Emmanuel Macron a pris l’engagement, dès la campagne présidentielle, de remplacer le tirage au sort, utilisé jusque-là pour départager les candidats lorsqu’ils sont trop nombreux à l’entrée des licences universitaires, par l’instauration de « prérequis ». Un concept flou que chacun n’entend pas de la même manière. D’importantes lignes de fractures apparaissent déjà, laissant augurer d’un consensus difficile autour d’une question centrale : quelles règles interviendront l’an prochain pour avoir sa place à l’université ?

Obligatoires ou non ?

Pour les deux principales organisations étudiantes – la FAGE et l’UNEF – mais également plusieurs syndicats d’enseignants du supérieur, tel le SGEN-CFDT, il n’est pas question que ces futurs critères constituent une condition d’entrée à l’université, qui s’ajouterait à l’obtention du bac. C’est une ligne rouge à ne pas franchir, sous peine de mobilisations, préviennent les syndicats étudiants, qui y verraient l’introduction d’une « sélection déguisée ». Ces prérequis ne peuvent être qu’informatifs, le dernier mot devant toujours revenir au bachelier.

« Un prérequis informatif, ce n’est pas un prérequis, balaie à l’extrême opposé, François Germinet, à la tête de la commission Formation de la conférence des présidents d’université. Sinon, il faudra m’expliquer comment on met fin au tirage au sort !  » « Cela ne servira pas pour autant à exclure, précise le président de l’université de Cergy. Un lycéen qui ne remplit pas les conditions requises devra se voir proposer une solution alternative. »

Les premières pistes avancées par le gouvernement permettent jusqu’ici à ces deux positions antagonistes d’espérer avoir gain de cause. N’est-ce pas la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui a affirmé qu’elle ne préparait pas une réforme de la sélection à l’université ? Elle a pourtant, dans le même temps, dressé de premières hypothèses de prérequis qui ressemblent à s’y méprendre à des critères de sélection, tels que les notes du lycéen dans certaines matières, sa motivation ou encore ses engagements en dehors du lycée.

Avec ou sans APB ?

Ces signaux ambigus se retrouvent également quant à l’avenir de la plateforme d’admission post-bac (APB), qui répartit les candidats dans l’enseignement supérieur. D’après les prises de parole de Frédérique Vidal et de son homologue de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, APB vit ses dernières heures. Derrière la formule choc qui ressemble plus à un coup de communication, une profonde remise à plat de l’outil informatique est promise par les deux ministres. Ce qui pourrait laisser entendre que les futurs prérequis seront désormais pris en compte pour attribuer les places.

« Mais les prérequis informatifs ne nécessitent pas de modifier quoi que ce soit dans l’algorithme d’APB  », pointe Jimmy Losfeld, de la FAGE. Sa consœur à la tête de l’UNEF, Lilâ Le Bas, se dit ainsi déjà «  sceptique et inquiète » quant aux desseins du ministère.

Des critères de quel type ?

Au-delà de cette pomme de discorde initiale, la nature même de ces futurs prérequis fait débat. Type de baccalauréat (général, technologique, professionnel), relevé de notes dans certaines matières, dossier général avec les activités extrascolaires du lycéen… de multiples configurations sont possibles.

Pour les doyens de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), filière la plus touchée par le tirage au sort cette année avec plus de 30 000 premiers vœux de candidats sur APB pour seulement 16 000 places, il serait nécessaire d’évaluer les compétences scientifiques, littéraires, sportives, mais aussi les engagements associatifs des candidats. Un examen multi-critères qui permettrait de donner de véritables chances de réussite aux étudiants, prônent-ils, alors qu’à peine quatre sur dix passent actuellement le cap de la première année.

Mais aller si loin dans les critères n’est pas anodin, avec le risque d’aboutir à une forme de sélection sociale, écartant les moins armés non seulement sur le plan scolaire mais aussi quant aux compétences acquises en dehors de l’école. Pour la conférence des présidents d’université, il vaudrait mieux se limiter à vérifier que le candidat ait suivi certaines matières durant ses années de lycée. Pour entrer en licence de sciences de la vie ou en STAPS, par exemple, il faudrait ainsi avoir suivi des enseignements de biologie jusqu’au bac.

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